• J'ai toujours fortement aimé les hôtes des abysses et les habitants d'entre-deux eaux... A regarder évoluer toutes ces créatures marines, je me sens entrainé dans leurs ballets fluides et scintillants...

     

    Lorsque l'on me demande « pourquoi des poissons » ?

    Je réponds que certains artistes font des paysages, des portraits, d'autres du moderne, d'autres du pastel...

     

    georges bellut 157 recto

     

    Et à la question récurrente : « faites-vous autre chose que des poissons et continuerez-vous ce thème longtemps ? » Je réponds « oui ».

    Pour le moment, je fais des poissons même si depuis quelques temps, de curieux petits êtres, les Cardinals (mi-hippocampe mi-serpent) viennent se glisser dans mon travail…

     

    cardinal georges bellut 06

     

    Pour répondre à la première question, je parle de l'eau. Tout ce qui palpite vient des mers, des océans, toutes les vies sont issues de ce monde là. Mais ce n'est pas suffisant.

    J'explique qu'enfant mes parents avaient des voisins. L'homme péchait et nous amenait, parfois déposées sur une assiette, de petites ablettes brillantes et argentées. Je restais des heures à les contempler. Lorsque j'ai pu aller au bord de l'eau et pécher, j'ai ressenti un immense plaisir à chercher des yeux les traits sombres des hôtes liquides et profondes. Avec le temps, j'ai décidé de ne plus pécher. Quel plaisir étrange de piquer la vie pour son propre plaisir !

     

    georges bellut 96

     

    Il y a une douzaine d'années la forêt m'a offert un cadeau qui allait étrangement me porter dans l'univers aquatique. Un éclat d'arbre dont la forme obsédante me conviait à créer tout à coup la vie d'un monde abyssal. J'ai donc laissé en jachère mes travaux de modelage, de pastel, et toutes mes petites créations artisanales. Où peut-être les ai-je volontairement, tout simplement, oublié... Pour moi, la boucle était bouclée.

     

    georges bellut 150

     

    Je pouvais parcourir les forêts de châtaigniers. Puiser dans le bois pétrifié la substance de mes créations, afin de pouvoir créer ma vision des mondes profonds. Il me fallait façonner le bois, lui donner forme, le déchirer, le poncer, l'affiner, le revêtir, le coudre...

     

    georges bellut 149 verso

     

    Là où la nature abonde, où le bois est fécond de formes aquatiques, je traine mes recherches. Je trouve ces masses de durs châtaigniers que j'habille de métaux divers pour confectionner des armures primitives et sauvages à quelques-unes de mes créations. C'est ainsi que sont nés tous les êtres que je fais vivre en osant les habiller d'armure afin de les rendre puissants et redoutables. Elles sont tantôt enchainées par l'homme, mécanisées pour se défendre contre ce long anéantissement qui parcoure leurs éléments. D'autres, plus sereines et plus libres, nous font un clin d'oeil rapide venu de leur repère coloré et exigu.

     

    georges bellut 127 verso

     

    Aujourd’hui, leur structure accepte les couleurs que j'intègre. Parfois cuivrées parfois violentes ou douces, elles apportent une autre dimension à mon univers onirique

     

    Georges BELLUT


    votre commentaire